Certaines écoles sont complètement débordées du fait de l’arrivée des élèves déplacées internes. Les effectifs par classe galopent. Et il va falloir trouver des solutions appropriées. Car au même moment, les populations, dans certaines provinces, sont confrontées à un manque d’infrastructures sanitaires et bien d’autres problèmes. Le Programme de réalisation des infrastructures socio-économiques (PRISE) développe des initiatives pour leur apporter du réconfort. Plusieurs écoles, des centres de santé et de promotion sociale (CSPS) et bien d’autres infrastructures ont été réalisées.
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Région du Centre-Nord : Salles de classe insuffisantes pour les élèves déplacés internes
Kaya, la “Cité des cuirs et peaux”, fait partie des grands centres d’accueil de déplacés au Burkina. Elle figure dans le top 5 des communes d’accueil, classée 3e, avec 6,03% du nombre total de personnes déplacées, selon les derniers chiffres publiés par le Secrétariat permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR). Ici, l'accès à une salle relève d'un parcours du combattant. Même pour les tout-petits. Le Programme de réalisation des infrastructures socio-économiques (PRISE) s’est donné pour mission de venir en appui aux écoles. En réalisant notamment des infrastructures socio-éducatives dont des salles de classe. Si cela constitue, à certains endroits, un ouf de soulagement, le défi demeure dans certaines écoles où les cours se tiennent toujours sous paillotes. D'autres écoles procèdent par alternance afin de permettre à des élèves de deux classes d'utiliser la même salle de cours. Les effectifs sont également élevés du fait de l'insuffisance des salles de classe.
L'école primaire publique Kouim-Kouli C est l'une des
écoles qui accueillent en majorité des élèves déplacés internes dans la ville
de Kaya. Située au secteur 6, cette école, selon la Directrice adjointe,
Viviane Ouédraogo, compte sept classes. Avec un effectif de près de 1000
élèves. Les quatre autres écoles de Kouim-Kouli, situées côte à côte, ont un
effectif semblable.
“Les élèves sont nombreux”, affirme Viviane Ouédraogo.
L’école Kouim-Kouli C existe depuis trois ans.
Les élèves de l'une des classes reçoivent les cours
sous paillote. Les effectifs sont considérables. Par exemple, la classe de CM1
compte 120 élèves contre 140 au CE2 et 140 au CP1. Certains élèves sont assis à
quatre ou cinq par table-banc.
Selon la Directrice adjointe, l'idéal serait de
scinder les classes. Mais les salles ne sont pas suffisantes du fait du nombre
élevé de déplacés internes. Plus de 90% des élèves sont en effet des déplacés
internes. Le besoin en salles augmente chaque année du fait des déplacements de
populations, affirme-t-elle.
“Chaque année, il faut une nouvelle école du fait des
déplacés internes”, a-t-elle indiqué.
Ici, le PRISE a construit un bâtiment de trois
classes, des toilettes et un forage. Elle a également installé un système
solaire pour alimenter les salles de classe. Ces infrastructures sont bien
appréciées par les enseignants et les élèves.
Abdoul Kader Bamogo a quitté Dablo, à une centaine de kilomètres de Kaya, en 2020. Il était alors en classe de CP2. Aujourd'hui, en classe de CM1, le petit Abdoul a en mémoire ses proches tombés sous les balles assassines des groupes terroristes.
Il se réjouit toutefois d'avoir accès à l'école dans
cette ville d'accueil. Avant la réalisation de ces infrastructures par le
PRISE, les élèves recevaient les cours sous une tente.
Il exprime ainsi sa reconnaissance à l'endroit des
acteurs du Programme. Mais plaide pour la construction d'autres salles de
classe, car, dit-il, les effectifs sont élevés. Même son de cloche chez ses
camarades, Madinatou Maïga et Moussa Bamogo. Ce dernier a quitté Arbinda en
2018. Un membre de sa famille y a perdu la vie lors d'une attaque terroriste.
Cela demeure une “plaie” dans son âme qui n'entrave cependant pas son désir de
réussir à l'école.
Inscrit dans cette école dès son arrivée à Kaya,
il suivait les cours sous une tente communément appelée espace temporaire
d'apprentissage (ETA). La réalisation des infrastructures par le PRISE lui a
permis, ainsi qu'aux autres élèves de sa classe, de suivre désormais les cours
dans une salle de classe. Il plaide cependant pour des salles de classe
supplémentaires au profit de ses camarades. Pour une dotation en fournitures
scolaires également.
La Directrice adjointe de l'école espèreégalement de nouvelles salles de classe afin de permettre aux enfants d'étudier dans la sérénité.
La gestion des élèves déplacés internes, selon la
Directrice adjointe de cette école, n'est pas aisée. “Ces élèves souffrent”,
a-t-elle confié. Par exemple, ils ont des problèmes pour payer la scolarité.
Des difficultés également pour se nourrir. “Certains n'ont rien à manger à la
maison; ils ne comptent que sur la cantine scolaire. Ils ont des difficultés
pour se restaurer les jours où la cantine scolaire n'est pas ouverte ”,
a-t-elle expliqué.
La cantine n'est pas permanente, dit-elle. Il faut
parfois attendre qu'elle soit ouverte.
Autre difficulté concernant les élèves déplacés
internes : le niveau scolaire. Certains, après avoir quitté leurs localités du
fait des attaques terroristes, ont passé plusieurs “années blanches”, donc sans
cours.
Zèga Sawadogo est le président de l'association des
parents d'élèves de l'école Kouim-Kouli C. Il estime que les infrastructures
réalisées par le PRISE sont d'une importance capitale.
“Avant, nos enfants suivaient les cours en plein air. Le vent les empêchait de travailler. Aujourd'hui, ils le font dans une classe. Cela facilite leur apprentissage. En plus des salles de classe, l'eau est disponible sur place”, a-t-il expliqué. Il apprécie également la qualité des bâtiments réalisés. Ainsi que les équipements. Il plaide cependant pour la construction d'autres salles de classe afin de permettre à ces élèves qui étudient sous des tentes d'avoir accès à des salles de classe.
Selon lui, le vent et les passants empêchent les enfants sous paillotes d'être concentrés pour suivre les cours. Les enfants sont également exposés aux risques d'accident.
“De violents vents ont emporté les paillotes pendant
les congés”, nous a-t-il confié. “Heureusement qu'à cette période, les
enfants étaient en congés”.
Il plaide également pour une augmentation de la dotation de vivres dans la cantine scolaire afin de permettre aux élèves déplacés internes de se nourrir convenablement.
L'école primaire publique de Dimassa D entre reconnaissance et doléances
Dans cette école, située au secteur 6 de Kaya, le
PRISE a également fait parler de lui. Il a réalisé trois salles de classes, une
pompe à eau, des latrines, un bureau et un magasin. Mais également un système
solaire photovoltaïque afin d'améliorer les conditions d'études et de travail
des élèves et enseignants. Cette école de quatre classes, ouverte au cours de
l'année scolaire 2023-2024, compte 368 élèves dont 235 élèves déplacés internes
(EDI). Les infrastructures réalisées par le PRISE sont bien appréciées
par les responsables de cette école.
“Honnêtement, l'apport des infrastructures du PRISE
est très considérable. Quand on regarde le standing, c'est formidable. Les
latrines sont également bien réalisées. La pompe également. Les élèves sont
vraiment à l'aise”, confie le Directeur, Adama Ouédraogo.
Cet enseignant apprécie particulièrement la présence
d'électricité dans les bâtiments construits par le PRISE. Permettant ainsi aux
élèves de poursuivre les travaux, même après la tombée de la nuit.
L'école Dimassa D a également des défis à relever. Elle est composée en majorité d'élèves déplacés internes. Ainsi, le Directeur Adama Ouédraogo plaide pour une dotation permanente de vitres pour la cantine scolaire.
Il espère également la construction de nouveaux blocs
de latrines car, dit-il, l'effectif des élèves dépasse largement les toilettes
disponibles. Doléances également concernant les poubelles : cela permettra
d'apprendre aux élèves le sens de la propriété. Et ce n'est pas
tout.
Le Directeur de l'École Dimassa D plaide pour la
réparation de la terrasse. Dans certaines salles, elle est dégradée. Plaidoyer
également pour la construction de salles classe pour l'école voisine, celle de
Dimassa A qui utilise toujours des espaces temporaires d'apprentissage
(ETA).
Concernant les effectifs par classe, M. Ouédraogo
estime qu'il faut s'adapter. Surtout lorsqu'il s'agit d’élèves déplacés
internes. Des instructions ont été données pour qu'ils soient reçus dans les
classes, dit-il.
“Avoir plus de 100 élèves dans une classe, ce n'est
pas facile si nous voulons un enseignement de qualité. Mais quand il s'agit des
déplacés, il n'y a pas de demi-mesure. Il faut les intégrer au regard du
contexte difficile que traverse le pays”.
Il espère que ses doléances soient prises en compte.
L'école primaire publique “Secteur 2 C” plaide pour la construction d'un
forage
Cette école située au secteur 2 de la ville de Kaya a
bénéficié d’infrastructures réalisées par le PRISE.
Là, trois salles de classe, un bureau et un magasin
ont été construits. Ce Programme a également réalisé des latrines et installé
un système solaire photovoltaïque.
L'école compte 578 élèves. 98% sont des déplacés
internes selon la Directrice Valérie Dianda. Ces derniers ont été confrontés à
des problèmes d'intégration au début de leur inscription.
“Ils étaient réticents au début. Ils avaient peur.
Mais aujourd'hui, avec la sensibilisation, ils ont compris qu'on est égal”,
a-t-elle relaté. La responsable de cette école dit être reconnaissante au PRISE
pour les infrastructures réalisées.
“Nous sommes heureux d'avoir bénéficié des
infrastructures du PRISE. Sincèrement, ce sont des bâtiments pas comme les
autres. Ces réalisations constituent un soulagement pour les enfants. Cela leur
permet d'étudier dans la sérénité. Notamment les déplacés internes. Ces
derniers ne pouvaient pas imaginer qu'ils travailleraient dans un joli bâtiment
comme celui-ci, avec des brasseurs et de l'éclairage”, se
réjouit-elle.
La doléance principale est la réalisation d'un point
d'eau. L'école ne dispose pas de forage. Les tentatives du PRISE d'en réaliser
ont été vaines. L'eau semble éloignée de la surface.
“Nous n'avons pas d'eau. Les élèves sont obligés
de venir à l'école avec de l'eau. Et lorsque cette provision finie,
certains n'arrivent plus à suivre les cours”, explique Valérie
Dianda.
Les responsables du PRISE disent être conscients de la
situation. Et sont à pied d'œuvre pour permettre à cette école de bénéficier
d'une pompe d'eau.
La recherche se poursuivra, disent-ils, afin de
trouver le bon endroit pour réaliser cette infrastructure. D'autres expertises
seront ainsi mises à contribution. La dernière option est celle de faire le
raccordement depuis une autre école. Mais là, les dépenses pourraient être
élevées.
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Burkina Faso/Province du Boulgou : De nouvelles salles de classe pour le CEG de Sousoula
À Soussoula, localité de la commune de Zabré, dans la province du Boulgou (région du Centre-Est), le Programme de réalisation des infrastructures socio-économiques (PRISE) a permis l'acquisition d’infrastructures socio-éducatives au profit du collège d'enseignement général (CEG). Ces réalisations, selon les responsables du CEG, sont arrivées au moment où le besoin se faisait sentir.
Trois salles de classe, un magasin, un
bureau pour le Directeur et un forage d'eau. Ce sont, entre autres, les
infrastructures réalisées par le PRISE au profit du CEG de Soussoula. L'école
est alimentée en électricité grâce à un système solaire photovoltaïque mis en
place par le Programme. Elle a été ouverte en octobre 2020 et compte
aujourd'hui quatre classes avec un effectif de 176 élèves dont 83 en classe de
6e. La première promotion, forte de 21 élèves, passe le Brevet d'étude du
premier cycle (BEPC) cette année.
Selon le Directeur Issaka Yaméogo, les
habitants de la localité avaient construit, avec des moyens de bord, des
bâtiments avant l'arrivée du PRISE.
“On avait des bâtiments mais ce n'était
pas vraiment de qualité; ce n'était pas suffisant non plus”, a-t-il expliqué.
Ces bâtiments ne respectaient pas les normes requises en la matière. Mais
situation oblige, il fallait les exploiter. “Nous y étions parce que nous
n'avions pas d'autres bâtiments”, a-t-il précisé.
Une association française dénommée Burkina
Entraide est également venue en aide aux populations en construisant deux
salles de classe.
Mais cela n'était pas suffisant.
Les infrastructures réalisées par le PRISE
ont permis de résoudre ce problème. “Les nouveaux bâtiments sont arrivés au
moment où nous en avions le plus besoin. Car, bien avant, nous avions quatre
promotions mais trois salles de classe. Cela ne permettait pas de bonnes
conditions d'études”, confie Issaka Yaméogo. Ils étaient ainsi obligés
d’alterner certaines promotions. Pendant que l'une est en classe, une autre
patientait dehors en attendant que la première finisse les cours avant
d'occuper la salle.
La situation a contraint, selon lui,
certains enfants du village à se rendre dans d'autres localités pour leurs
études.
“Le besoin était urgent. En début d'année,
nous nous sommes demandé où les élèves allaient suivre les cours. Les bâtiments
réalisés par le PRISE ont permis de résoudre cette préoccupation ”, se
réjouit-il.
Issaka Yaméogo
Cet enseignant apprécie également la
qualité des infrastructures. “Dans notre zone, il n'y a pas de bâtiments
scolaires d'une telle qualité (...) Ces bâtiments permettent aux élèves
d'étudier dans de bonnes conditions ”, a-t-il lancé.
Même son de cloche chez Mamadou Zanré,
Secrétaire général de l'association des parents d'élèves du CEG de Soussoula.
Selon lui, la population de cette localité s'apprêtait à construire des hangars
pour les élèves lorsque le PRISE a réalisé les infrastructures.
La réalisation d'un forage et
l’électrification des infrastructures ont apporté une bouffée d'oxygène aux
élèves.
Les bâtiments sont dotés d'un équipement
électrique de qualité. L'éclairage permet aux enfants d'étudier sur
place.
En plus, “nous avons un forage fonctionnel
et c'est le seul d'ailleurs. Avant, c'était énormément compliqué de
s'approvisionner en eau. Même pour effacer les tableaux, il fallait se rendre
au village pour en chercher. Pendant la récréation, les élèves n'avaient pas,
sur place, de point d'eau pour se ravitailler. Nous étions souvent obligés de
leur accorder assez de temps pour qu'ils aillent se ravitailler au village.
Tout cela perturbait la tenue des cours”, relate-t-il. Mais aujourd'hui, ce
n'est qu'un mauvais souvenir.
Le Directeur du CEG de Soussoula a cependant une doléance. L'impression et la photocopie des sujets pour les devoirs constituent la deuxième plus grande dépense de l'école après la rémunération des enseignants vacataires.
Des élèves de la classe de 4e en plein devoir d’histoire et géographie
“Cela nous coûte énormément. Nous n'avons
pas, sur place, de matériel informatique pour les photocopies et les
impressions des épreuves pour les devoirs. Le bâtiment est pourtant doté d'une
installation électrique capable de faire fonctionner ce genre d'appareils.
C'est vraiment une préoccupation que j'espère voir résoudre bientôt”,
affirme-t-il. Il souhaite ainsi l'acquisition d'une imprimante, d'une
photocopieuse et d'un ordinateur. Il invite, par conséquent, les responsables
du PRISE à inscrire cette priorité dans leur agenda.
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Burkina Faso/Province du Zoundwéogo : Les localités de Koulwoko et Guib-Tanghin espèrent leurs CSPS opérationnels avant la saison des pluies
L'accès aux infrastructures sanitaires de base reste un défi dans certaines localités du Burkina. À Koulwoko et Guib-Tanghin, deux villages de la province du Zoundwéogo (région du Centre-Est), les populations doivent parcourir plusieurs kilomètres pour accéder à un centre de santé. Selon des habitants, plusieurs décès ont été enregistrés, faute de soins. Des femmes sont parfois obligées de donner naissance à domicile. Notamment pendant la saison pluvieuse où les routes conduisant au centre de santé sont impraticables. Avec tous les risques que cela comporte. Dans ces deux localités, le Programme de réalisation des infrastructures socio-économiques (PRISE) a permis la construction de deux centres de santé au profit des populations. Mais ces infrastructures ne sont pas encore véritablement fonctionnelles. Les habitants espèrent voir ces centres de santé pleinement opérationnels.
Koulwoko est un village de la commune
de Béré, dans la province du Zoundwéogo. Ici, il faut parcourir 30 km pour
accéder à un centre de santé.
“Le CSPS est loin de notre village. L'accès à un
centre de santé est un problème pour nous. Le CSPS que nous fréquentons est
situé à 30 km d'ici, c'est à Sondré”, explique Issa Gueswendé Bembamba, un
habitant du village.
Issa Gueswendé Bembamba
Pour s’y rendre, il faut traverser plusieurs marigots.
Mais pendant la saison de pluies, ils sont pratiquement infranchissables.
“Quand il pleut, on ne peut pas aller se soigner. Après les pluies, il faut attendre que l'eau diminue complètement pour pouvoir traverser les marigots. Si vous avez un cas urgent de maladie pendant la saison pluvieuse ici, le malade pourrait mourir, faute de soin”, relate Gueswendé Bembamba. Tout comme les autres habitants du village, il attend impatiemment l'ouverture du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) construit par le PRISE.
“Ce CSPS revêt une très grande importance pour nous.
Aujourd'hui, lorsque nous entendons le bruit d'un véhicule, les gens sont
fiers, se disant que ce sont les agents de santé qui arrivent avec du matériel
pour l'ouverture du CSPS”, confie un autre habitant, Amadou Bemwidi.
Les infrastructures réalisées par le PRISE sont
composées, entre autres, d’un dispensaire, d’une maternité, d’une pharmacie et d’un
château d'eau. Des logements pour le personnel soignant ont également été
construits.
Le matériel médico-technique a été livré, selon les
responsables du PRISE.
Un système solaire photovoltaïque devrait
également être installé dans les “prochains jours” par l'entreprise en charge
des travaux.
Ce matériel, selon les responsables du PRISE, devait arriver dans la semaine du 22 au
28 avril 2024. Mais l'entreprise a été confrontée à des difficultés.
Aux dernières nouvelles, nous apprenons que le village
a reçu le matériel, le 11 mai dernier. Le personnel soignant est également sur
place.
“Nous sommes conscients de la situation du CSPS de
Koulwoko. Ce village est très difficile d'accès du fait de l'état de la voie.
Beaucoup de gens ont perdu la vie ici parce qu'ils sont tombés malades pendant
la saison pluvieuse et il n'y a pas de route pour se rendre à Béré, situé à 35
kilomètres”, relate Mohamadi Koanda, ingénieur
civil, responsable des infrastructures du PRISE que nous avons pu contacter.
Selon cet agent, le PRISE a demandé à l'entreprise en
charge des travaux, de prioriser l'approvisionnement en matériel médico-technique de ce CSPS. Cela pour
que la saison pluvieuse ne constitue pas, par la suite, un frein pour
l'acheminement du matériel.
Actuellement, il ne reste que l'installation du
système d'électricité pour que le village profite de ce joyau qui, sans doute,
va constituer un soulagement pour les populations.
“Nous allons tout faire pour que les choses rentrent
dans l'ordre. Et que le CSPS soit fonctionnel d'ici fin mai 2024”, rassurent
les responsables du PRISE.
En attendant, les populations sont impatientes.
Certains ont des propositions pour un bon
fonctionnement du futur centre de santé.
Issa Gueswende Bembamba plaide pour que le
CSPS soit doté, à temps, de produits pharmaceutiques en quantité suffisante. Selon lui, vu l'état de la route, la livraison
des produits pourrait être difficile pendant la saison de pluies qui se profile
à l'horizon.
Plaidoyer également pour la réfection de
la voie. Selon cet habitant, le village a besoin d'ouvrages de franchissement,
communément appelés « des ponts ». Cela permettra, dit-il, au village
de Koulwoko de rester connecté aux villages voisins, même pendant la saison de
pluies.
Autre doléance : construction d'un collège
d'enseignement général (CEG) ou d'un lycée.
Le village ne dispose que d'une école
primaire. Après le Certificat d'étude primaire (CEP), les enfants sont
obligés de se déplacer à 30 km du village pour le collège.
Les parents sont alors obligés de leur
louer une maison dans la localité abritant le collège. La gestion de la situation des garçons est encore
plus facile que celle des filles, explique un parent d'élève.
Selon lui, les filles, lorsqu'elles logent
seules loin des parents, sont exposées à certains fléaux. Notamment les grossesses précoces.
Doléance partagée par Noufou Nana, un autre habitant de Koulwoko. Pour ce dernier, les enfants d'aujourd'hui réussissent au CEP très jeunes. Et ne peuvent pas pédaler un vélo pour rejoindre l'école lorsqu'elle est éloignée.
Guib-Tanghin entre joie et impatience
À Guib-Tanghin, dans la commune de Guiba,
le PRISE a également réalisé un CSPS au profit des populations. Là également,
un dispensaire, une maternité, un poste d’eau autonome, un dépôt pharmaceutique et des logements pour les agents
ont été construits.
L'infrastructure constitue une lueur
d'espoir pour les populations.
“Nous apprécions ces réalisations. Le
PRISE est venu pour nous sauver”, lâche Saïdou Sedego, président du Comité
villageois de développement (CVD) de Guib-Tanghin. Actuellement, l'accès à un
centre de santé constitue, dit-il, un parcours du combattant pour les habitants
du village. “Il faut aller très loin pour avoir un dispensaire afin de se
soigner. Les femmes enceintes en souffrent”, a-t-il expliqué.
Le CSPS le plus proche se trouve à sept
kilomètres du village. Si les populations manifestent leur joie concernant la
construction du centre de santé, elles sont impatientes car il n'est pas encore
fonctionnel.
Elles espèrent que l'ouverture soit faite
dans les “plus brefs délais”
“Nous prions pour que l'ouverture puisse se faire très vite. Les gens nous demandent souvent quand le CSPS sera ouvert”, confie Saïdou Sedego.
Saïdou Sedego
L’ouverture et le fonctionnement de ce
CSPS sera, selon lui, un soulagement pour les habitants de Guib-Tanghin. Il
plaide ainsi auprès des responsables du PRISE afin que l’ouverture se fasse
très bientôt.
Tout est fin prêt, le matériel médico-technique est disponible, selon le PRISE. Il ne reste que l'installation du système solaire photovoltaïque. Une condition nécessaire avant que le médecin-chef de district de Manga affecte le personnel soignant.
L'entreprise a, au total, 12 CSPS à doter en installation solaire. 9 en ont déjà été dotés. “Le reste ne saurait tarder ; le travail a déjà commencé”, rassurent les responsables du PRISE.
Des CSPS réalisés et équipés mais pas fonctionnels : Les populations interpelle le ministère de la Santé
Le
Programme de réalisation des infrastructures socio-économique (PRISE) a réalisé
plusieurs Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) dans différentes
localités du pays. Si plusieurs infrastructures sont fonctionnelles au
grand bonheur des populations, certaines, bien qu’équipées, ne sont toujours
pas fonctionnelles. Dans les localités concernées, les populations demandent au
ministère de la Santé et de l’Hygiène publique de faire diligence pour que ces
CSPS soient « opérationnels ».
À titre
d’exemple, le CSPS de Lanfiera-Missidougou, dans la commune de Peni (province
du Houet) et celui de Tangaye dans la commune de Gourcy, dans le Zondoma, ont
été construits et équipés depuis 2021. Mais jusqu’aujourd’hui, ils ne sont pas
fonctionnels.
Ces
infrastructures sont exposées aux intempéries et peuvent donc se
dégrader.
Le
matériel médico-technique par exemple pourrait être abîmé, donc inutilisable. Surtout
dans un domaine aussi sensible que la Santé.
Les
populations des zones concernées, qui considéraient ces infrastructures comme
une bouffée d'oxygène, se demandent ce qui justifie un tel retard.
L’ouverture
des CSPS construits par le PRISE fait partie des prérogatives du ministère de
la Santé. Ce ministère est chargé, entre autres, d'y affecter des agents
de santé.
Selon un
rapport du PRISE que nous avons pu consulter, au total 14 CSPS sont dans cette
situation. Le ministère de la Santé est donc interpellé afin que ces
infrastructures soient mises en valeur au profit des populations.
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Burkina Faso/Région de l'Est : Ces élèves qui suivent
les cours assis à même le sol
La situation sécuritaire au Burkina Faso a un impact considérable sur le secteur de l'Éducation. À la date du 31 mai 2023, le Secrétariat technique de l'éducation en situation d'urgence (ST-ESU) a répertorié 6 149 écoles fermées du fait de l'insécurité. Au début de la rentrée scolaire 2023-2024, le ministre de l'Education d'alors, Joseph André Tiendrebeogo, partant de ces chiffres, a indiqué que grâce aux efforts conjugués des Forces de défense et de sécurité (FDS) et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), “539 structures éducatives sont rouvertes à ce jour”. Dans cette situation, les écoles publiques de certains centres urbains sont obligées de recruter au-delà de leurs capacités d'accueil. Fada N’Gourma, la capitale de la région de l'Est, est l'une des villes où les écoles paient le lourd tribut. À l'école primaire publique “Secteur 3 C” par exemple, le problème de tables-bancs se pose. Certains élèves sont donc obligés de suivre les cours, assis à même le sol. L'école a donc des besoins en salles de classe et de tables-bancs.
L'insécurité a changé les habitudes dans la “Cité de
Yendabili” et dans le monde de l'Éducation en général.
À l'école “Secteur 3 C”, un fait capte notre
attention. Les élèves de CP1 suivent les cours, assis à même le sol, dans un
espace temporaire d'apprentissage (ETA). Et pour cause, l'école ne dispose pas
suffisamment de salles de classes et de tables-bancs.
“Nous avons un sérieux problème de tables-bancs. Dans
une classe de 90 élèves, nous ne disposons que de 12 tables-bancs. C'est
difficile de travailler dans ces conditions. Certains élèves sont assis à même
le sol parce qu'on n'a pas d'autre solution”, explique le directeur de cette
école, Amadou Tandako.
L'école a un effectif de 461 élèves répartis dans six
classes. Celle de CP1 a été scindée en deux salles. L'une compte 96 élèves et
l'autre, 86.
La classe de CP2 a le plus grand nombre d'élèves : 98.
Le Directeur, Amadou Tandako, plaide donc pour la construction de nouvelles
salles de classes.
Le Programme de réalisation des infrastructures socio-économiques (PRISE) a lancé les travaux de construction d'un bâtiment de trois salles de classe. Un forage, un magasin, et un bureau pour le Directeur devraient également être réalisés. Ainsi qu'un système solaire photovoltaïque. La réception de ces infrastructures était prévue pour mai 2023.
Mais jusqu'à ce jour, le bâtiment de l’école n'est pas
encore achevé.
“Résilier le contrat va nous prendre encore plus de
temps”, indiquent les responsables du PRISE. Ils entendent “mettre la pression”
sur l'entreprise chargée des travaux afin qu'elle accélère. C'est aussi le
plaidoyer des premiers responsables de l'école “Secteur 3 C”
“Nous plaidons pour une accélération des travaux parce
que nous évoluons dans des conditions difficiles”, affirme M. Tandako.
Selon lui, l'école continue de recevoir les élèves
déplacés internes. Il faudra alors, en plus des trois salles de classe en
construction, envisager trois autres. Plus de 180 élèves ont été recrutés au
cours de cette année scolaire. Un recrutement similaire sera fait pour l'année
scolaire 2024-2025. Il faudra ainsi procéder, dit-il, à la scission de
certaines classes. Notamment celle du CP2.
En plus des salles de classe, le Directeur de l'école “Secteur 3 C” plaide pour une dotation en équipements scolaires : des tables-bancs et du matériel didactique. Cela facilitera l'apprentissage des tout-petits.
L'école Kpapkatouonou entre reconnaissance et doléances
Cette école est située au secteur 8 de la ville de
Fada N’Gourma. Elle a bénéficié des infrastructures du PRISE. Ce Programme,
initié en 2020 par le gouvernement burkinabè, a permis, dans cette école, la
réalisation de trois salles de classe, d'un magasin et d'un bureau pour le
Directeur. Des toilettes ont également été construites.
Ces infrastructures, selon la Directrice par intérim,
Sana Adiaratou Doussa, sont d'un apport considérable pour cette école. Cela a
d'ailleurs permis de scinder l'école en 2 (Kpapkatouonou A et B) pour une
meilleure prise en charge des élèves.
“Le PRISE est venu nous soulager. Les infrastructures
nous manquaient beaucoup. Dans chaque classe, on avait au moins 150, 180 ou 190
élèves. Les séances d'apprentissage n'étaient pas faciles”,
explique-t-elle.
Si ces infrastructures constituent un soulagement pour
cette école, le besoin en salles de classe demeure cependant. La Directrice par
intérim estime que l'école a besoin d'au moins trois salles de classe
supplémentaires.
Kpapkatouonou, zone non lotie, constitue, dit-elle, un
centre d'accueil des déplacés internes. Ainsi, l'école reçoit de nombreux
élèves déplacés. Les effectifs sont donc en croissance permanente.
“Depuis la rentrée, nous recevons des apprenants qui
viennent d'autres écoles. Fin mars, nous avons reçu de nouveaux élèves déplacés
internes. Comme les parents sont arrivés dans le quartier, les enfants ne
peuvent pas rester à la maison”, relate-t-elle. Par ailleurs, toutes les
classes ne disposent pas de salles de cours. Certains élèves étudient sous des
tentes.
Cette enseignante souhaite également la construction
d'un second point d'eau. Selon elle, l'unique forage de l'école ne permet pas
de satisfaire le besoin.
Plaidoyer aussi pour la clôture de l'école. Elle est traversée
par des voies. La circulation des engins à deux roues dans la cour de cette
école constitue, selon elle, une source d'insécurité pour les élèves. Surtout
lors des activités sportives. La Direction de l'école a alors fait ériger des
barrières à l'aide de pneus usés afin de freiner le passage aux usagers de la
route.
“Avec la situation sécuritaire, les enfants, notamment
les déplacés internes, sont déjà stressés. Beaucoup d'enseignants étaient
également dans des zones rouges, les zones d'insécurité. Lorsqu'ils entendent
le bruit des motos, cela leur rappelle de mauvais souvenirs. Il suffit qu'une
grosse moto traverse la cour pour que tout le monde soit stressé. Les enfants,
eux, n'arrivent plus à suivre convenablement les cours ”, indique la
Directrice par intérim.
Elle plaide également pour une dotation en matériel didactique. Des livres et des cartes scientifiques par exemple.
L’école primaire public “Secteur 1 C” souhaite de nouvelles salles de classe
Elle compte environ 700 élèves, selon Lompo Maldioa,
enseignant dans la classe de CM2. Le tiers des élèves constitue des déplacés
internes. Au CM2 par exemple, sur un total de 81 élèves, 38 sont venus de zones
d'insécurité.
Ici, le PRISE a réalisé un bâtiment comprenant trois
salles de classe, un magasin, un bureau pour le Directeur, des toilettes et un
forage. Cette école a également bénéficié d'une installation solaire
photovoltaïque. Les salles construites par le PRISE sont dotées de brasseurs
communément appelés ventilateurs.
Dans cette école, cinq classes sont sous paillotes. Il y a donc un besoin d'au moins cinq salles de classe, selon les responsables de l'établissement.