"Peuples du Burkina Faso, Vous devez rendre
hommage à la gendarmerie !
Je voudrais
tout d’abord que vous sachiez qu’aucune intention politique ou malveillante ne
se cache derrière cet écrit. Je le fais en toute lucidité avec la pleine
conscience de mon devoir de réserve en tant que militaire. Cependant je le fais
aussi en adéquation avec ma déontologie d’officier qui refuse que sa dignité
soit bafouée.
Je le fais
aussi pour préserver le moral de mes hommes qui sont, à l’heure où je vous
parle, encore déployés dans plusieurs endroits à l’Est, à l’Ouest, au Nord et
dans le Sahel pour faire face aux terroristes. Force et honneur à vous, chers
immortels. En tant que chef, mon devoir le plus absolu est de me mettre devant
pour défendre mes hommes dans les moments d’adversité. C’est ce serment que
j’ai prêté et j’ai l’intention de l’honorer quoi qu’il en coute. J’ai décidé de
parler aujourd’hui car ma dignité ne me permet pas de laisser vilipender la Gendarmerie
par des mensonges orchestrés à travers les réseaux sociaux pour salir l’image
d’une institution noble qui au fil de l’histoire a été garante de la stabilité
du pays au prix de grands sacrifices que certaines personnes veulent faire
oublier. Mais les ancêtres ne dorment pas. Et le « sable ne ment pas non plus
comme le dirait quelqu’un. »
Je ne peux
surtout pas laisser raconter des mensonges sur l’Unité Spéciale d’intervention
de la Gendarmerie au sein de laquelle j’ai consacré les dix dernières années de
ma carrière engagé dans la lutte contre l’insécurité sous toutes ses formes,
notamment contre le terrorisme. Il est donc temps pour nous aussi, de dire au
peuple le rôle joué par la Gendarmerie et l’USIGN en particulier pour la
sauvegarde de la Patrie.
Avant toute chose,
je pense que je dois me présenter de façon détaillée afin de donner de la
crédibilité à ce que je vais raconter. A travers ma présentation, vous allez
voir une partie de l’histoire de la lutte contre le terrorisme et du rôle joué
par la Gendarmerie à travers l’USIGN.
Je suis le
Chef d’Escadron François ZOUNGRANA, commandant de l’Unité Spéciale d’intervention
de la Gendarmerie depuis Novembre 2021.Avant de rejoindre la Gendarmerie, j’étais
un officier d’infanterie parachutiste affecté à l’Armée de terre au 12e
Régiment d’infanterie commando à Ouahigouya de 2009 à 2011. En 2011,
Sous-lieutenant de mon état, j’ai refusé de prendre la poudre d’escampette lors
de la mutinerie. Je suis donc resté auprès de mes hommes pour les encadrer et
les écouter. Cela m’a valu une prise d’otage temporaire et même des coups de crosses
de certains de mes hommes égarés. J’’ai quand même réussi à les convaincre de
ne pas piller les populations et Ouahigouya est resté l’une des garnisons où
les militaires ont été contenus dans leur mouvements. Cela m’a valu une lettre
de félicitations du président Blaise Compaoré à l’époque.
J’ai rejoint
la gendarmerie en 2011 et muté à Tenkodogo ou j’ai passé deux ans à lutter
contre le grand banditisme qui sévissait dans la zone. J’ai rejoint l’USIGN en
2014 quelques mois après sa mise en place pour seconder le Lieutenant-colonel
Evrard SOMDA. C’est vous dire que depuis 2014, j’ai dirigé la quasi-totalité
des grandes opérations que nous avons accomplies avec succès depuis les
ripostes aux attaques terroristes à Ouagadougou jusqu’aux réductions des bases
terroristes dans plusieurs zones à l’intérieur du pays. Je voudrais à l’entame
de mon propos rendre hommage aux vaillants combattants de l’USIGN vivants ou tombés
sur le champ d’honneur pour les sacrifices consentis au fil des années. Vous
êtes des héros. Et aujourd’hui, au lieu de vous célébrer, on veut vous salir.
Je profite
d’ailleurs de l’occasion pour rétablir un fait qui me tient à cœur depuis des
années. Je dis, je persiste et je signe que lors de l’attaque de l’Hôtel
splendide, les trois terroristes ont bel et bien été neutralisés par une équipe
de l’USIGN. Certes, les Français étaient là en première ligne, mais la riposte
a été menée de façon conjointe avec l’USIGN du début jusqu’à la fin. J’étais
d’ailleurs en première ligne dans la colonne d’assaut française pendant toute
l’opération pour des fins de coordination. C’est donc moi qui ai donné
l’information au commandant des forces spéciales sur le nombre et la nature des
terroristes neutralisés par une équipe d’appui de l’USIGN montée sur un
véhicule blindé placée face au Maquis Taxi-Brousse. Le peuple burkinabé doit
connaitre la vérité et en être fier. Il
doit savoir d’ailleurs beaucoup d’autres vérités qui leur ont été cachées notamment
sur les sacrifices consentis par les gendarmes qu’on essaye de décrédibiliser
de nos jours. Bref, ceci était une parenthèse. J’ai donc dirigé les opérations
lors des attaques terroristes au restaurant Aziz Istanbul ; A l’Ambassade
de France, à l’Etat-Major Général des Armées, à Rayongo , etc. j’étais engagé
sur le terrain au côté de mes hommes lors de ces opérations.
Après cette
vague d’attaques urbaines, la menace s’est accentuée en milieu rural. Les
premiers engins explosifs improvisés, découverts dans la zone de Djibo, avaient
considérablement réduit les mouvements des unités conventionnelles. Nous avions reçu la mission d’aller les
appuyer pour porter un coup aux groupes terroristes qui n’étaient encore que
des embryons. Nous avions alors décidé d’y aller de manière non conventionnelle
en utilisant les mêmes montures que l’ennemi : des motos ALOBA. En fait
cette suggestion venait de mon expérience dans la lutte contre le grand
banditisme au centre Est, où nous avions expérimenté de manière efficace l’usage
de ces motos contre les coupeurs de route. Je me suis donc inspiré de cette
expérience pour mettre en place la tactique de combat à moto qui s’est généralisé
à toutes les Forces Armées actuellement. En réalité, pendant tout le monde
était convaincu que la solution était les véhicules blindés, nous avions plutôt
pensé qu’il fallait agir comme l’ennemi pour pouvoir le maitriser sur son
propre terrain. C’est ainsi que nous avons inventé le combat décentralisé
adapté à l’ennemi asymétrique avec l’usage de motos. Cette solution était
d’ailleurs moins couteuse et très efficace. Pendant 6 mois et avec ces motos
uniquement, dans la zone de Djibo, nous avions traqué les groupes terroristes
jusqu’à la neutralisation de leur chef sur la colline de PETEGA (Cf. Archives
de la presse).
L’avenir nous
a donné raison car toutes les FDS ont adopté cette technique de combat que nous
avons inventé au regard de son efficacité. Nous avons d’ailleurs été sollicité
plusieurs fois pour former plusieurs unités aussi bien au sein de la
Gendarmerie que dans les autres Forces de défense et de sécurité. [Nous avons
formé plusieurs unités COBRA et des compagnies d’infanterie sur le combat
motorisé dans notre centre de formation à Loango ou dans leurs casernes. Nous
avons formé des Groupes d’opérations spéciales de plusieurs régiments qui
constituent le fer de lance au sein de leurs corps.] Cela est un fait, une
vérité indéniable. Nous l’avions fait en toute fierté et avec la conviction que
c’est ensemble que nous allons vaincre l’ennemi.
Après ces
missions, nous nous sommes engagés dans les opérations spéciales à travers les
offensives sur les bases terroristes. Nous avons démantelé des dizaines, soit
dans des actions isolées, soit en unité d’action avec notre unité sœur, les
Forces Spéciales de l’Armée de terre. Quelques opérations emblématiques peuvent
être citées telles que la reprise de MANSILA dans le YAGHA une année après que
les FDS eurent été chassées par les terroristes qui avaient pris le village en
otage. Le village a été libéré par seulement 40 opérateurs de l’USIGN appuyés
par l’Armée de l’air.
Le nettoyage
de la base de TASMAKAT effectué par un Groupe de l’USIGN, soit 20
opérateurs commandés par un sous-officier supérieur. Cette opération a permis
de neutraliser plus d’une centaine de terroristes et récupéré un lot important
d’armes.
Depuis le
début de la lutte contre le terrorisme, nous avions toujours sollicités dans
les moments difficiles aux cotés de nos frères d’armes sans considération de
couleur de béret. Quelques exemples permettent d’illustrer cela :
En 2018, le
détachement militaire de KOMPIENBIGA fut attaqué et un nombre incalculable
d’armement furent récupérés par les terroristes. En coordination avec l’ANR,
nous avions planifié et exécuté une opération avec l’appui de l’Armée de l’air
pour récupérer la quasi-totalité de l’armement des mains des terroristes.
L’action au sol a été conduite uniquement par des Groupes d’opérations
spéciales de l’USIGN. L’armement a été
remis aux autorités militaires de la région de l’Est.
Le 19 Aout
2019, Suite à l’attaque du détachement militaire de KOUTOUKOU ayant conduit à
la mort d’une trentaine de militaires. Face aux difficultés d’accéder aux
décombres pour récupérer les morts, la grogne commençant à s’installer au
niveau de la troupe. Un groupe de l’USIGN (10 opérateurs seulement) a été
dépêché de ARBINDA pour aller sécuriser les lieux et permettre aux hélicoptères
d’enlever les dépouilles. La mission fut conduite par l’emblématique DOYE
Pascal, décédé plus tard à OUANOBE. Les éléments y sont restés pendant 24
heures dans la gueule du loup avec un gros volume ennemi autour. Ce fut un
succès.
A ARBINDA, les
VDP et les populations peuvent témoigner du rôle de l’USIGN en particulier et
de la Gendarmerie en général dans la sécurisation de leur village et
environnants et surtout lors des attaques terroristes les 20 et 24 décembre
2019. D’ailleurs je fais la parenthèse pour dire que l’idée de la mise en place
des VDP a été germée certes a l’ANR mais suite à une expérience faite par
l’USIGN à ARBINDA. Eh bien, c’est à ARBINDA que nous avions croisé des jeunes
volontaires dynamiques venus manifester leur volonté d’aider le détachement de Gendarmerie
à faire face aux terroristes. C’est ainsi que nous avions engagé un recrutement
en leur sein et initié une formation sous le leadership du LCL SOMDA,
commandant d’unité. Par le truchement de l’ANR qui avait trouvé l’idée
brillante, nous avions pu récupérer de l’armement pour les équiper et ainsi
débuter des patrouilles de sécurisation avec eux. Leur succès va inspirer l’ANR
à étendre le projet à d’autres villages. C’est ainsi que sous le leadership de
l’ANR et du CEMGN, nous avions formé 650 Volontaires avant que le projet des
VDP ne se mette en place formellement à travers une loi. Lorsque la loi fut
adoptée, elle a confié l’administration des VDP à l’Armée de terre. Nous avions
donc reversé la gestion de ces volontaires au Chef d’Etat-major de l’Armée de Terre
(CEMAT) à l’époque. Nous avions aussi partagé notre expérience dans leur
formation. J’ai personnellement conçu le programme de formation sur une durée
de deux semaines en prenant en compte la formation psychologique, la
compréhension des enjeux du terrorisme, la formation civique et patriotique
mais aussi le respect de la diversité culturelle, le refus de la stigmatisation
et l’importance des droits de l’homme pour éviter la radicalisation d’une
frange de la population qui pourrait se sentir ciblée. Je profite de cette
tribune pour saluer d’ailleurs les sacrifices consentis par ces braves
volontaires qui n’avaient rien comme équipement, mais qui forçaient
l’admiration par leur engagement et leur bravoure. Je salue la bravoure et
l’engagement des VDP actuels en général et leur demande de faire honneur à
leurs anciens qui prenaient des initiatives pour attaquer une base terroriste
avec une Kalachnikov et un chargeur et 15 cartouches. Renseignez-vous sur
l’action des volontaires à BOURZANGA en 2019, l’un de leurs premiers hauts
faits de guerre ou ils ont neutralisé plusieurs terroristes avec des fusils de
chasse et quelques Kalachnikov et récupéré des AK47, PKMS et RPG.
Le 26
septembre 2022, lorsque le convoi retour du ravitaillement de Djibo se fait
attaquer à hauteur de GASKINDE ou plusieurs soldats et civils ont trouvé la
mort, c’est l’USIGN qui a été dépêchée pour aller se mettre à la tête des
unités militaires engagées pour le ratissage afin de récupérer les corps et les
portés-disparus.
Dans la
région de l’Est, L’antenne de l’USIGN déployée à Fada dénommée
« PANGA » a mené conjointement avec les unités COBRA, dix-neuf
escortes pendant deux années qui ont permis de ravitailler tous les villages
entre FADA et TAWORI. Pendant ces escortes, l’USIGN a toujours été placée à
l’avant du dispositif pour traiter les Engins Explosifs Improvisés (EEI) afin
de permettre aux autres unités d’escorter les camions. 126 EEI ont été enlevés
ou neutralisés lors de ces missions. Malheureusement, d’autres ont explosé
tuant neuf (9) opérateurs de l’USIGN et faisant plus de 15 blessés. Face à
cette attrition, l’USIGN a demandé un véhicule blindé et le renforcement de ses
armes collectives (PKMS et mortiers essentiellement) pour mieux assurer sa
protection au même titre que leurs collègues des unités COBRA qui disposaient
de cet armement. Jusqu’à ce jour, rien ne leur a été accordé. Néanmoins, elle a
continué à exécuter les missions dans le cadre de lutte contre le terrorisme.
Ainsi, elle a été projetée à OUGAROU le 27 Avril 2023 suite à l’attaque du
détachement pour effectuer le ratissage et tenir la position en renfort. Elle a
profité pour mener à succès des missions de ratissage de bases terroristes dans
la zone en coordination avec les frappes de drone. Elle y est restée pendant plusieurs
mois en appui au détachement militaire.
Par ailleurs,
suite à la tentative d’assiéger la ville de KOMPIENGA et aux appels récurrents
des populations pour sauver leur ville, l’USIGN y a été déployée pour appuyer
le détachement militaire. Le résultat, vous le connaissez. Les groupes
terroristes ont été repoussés, plusieurs attaques terroristes repoussées.
Grosso Modo,
courant l’année 2023, pendant que certains activistes traitent la Gendarmerie
de ne pas être engagée dans la lutte aux côtés des autres forces, l’USIGN a été
engagée dans des missions A KANTCHARI, TAWORI, BOGANDE, KOMPIENGA, ZEKEZE,
FOUTOURI, BITTOU, CINKANSSE, SOLENZO, DASSA, OUO et j’en passe. En ce moment même,
l’unité est toujours déployée dans plusieurs zones à travers le pays. En plus de cela, elle doit assurer la veille à
Ouagadougou pour parer à toute attaque terroriste qui pourrait y survenir. Imaginez
donc le rythme de travail infernal que subissent les hommes qui la composent. Si
vous voulez mieux connaitre la teneur de leur servitude, approchez leurs femmes
et leurs enfants ! Vous comprendrez qu’il faut alors jeter à la pierre à
ceux qui se cachent derrière des caméras pour insulter des hommes d’honneur. Pour
votre gouverne, l’USIGN a perdu une trentaine de combattants sur le champ de
bataille avec une cinquantaine de blessés par balles dont je fais d’ailleurs
partie. Certains des blessés ont été
amputés de leurs jambes ou de leurs bras et d’autres trainent des séquelles
irréversibles. Cela représente à peu près un tiers des opérationnels de l’Unité
En fait, L’USIGN
est employée au même titre que les Forces Spéciales de l’Armée de terre. En
dehors des opérations spéciales, elle a plusieurs fois renforcé des
détachements militaires e détresse. Elle a toujours été le fer de lance lors
des grandes opérations telles que les opérations OTAPUANOU, DOOFU ou récemment
l’Opération FELEHO pour la reconquête de SOLENZO.
La plupart des actions de la Gendarmerie ne font pas l’objet de communication spécifique par elle-même. Au nom de l’unité d’action, les actions de la Gendarmerie dans le cadre du terrorisme sont communiquées par la Direction de la Communication des Armées (DCRPA). Ainsi, la plupart du temps cela sème la confusion. Ayant remarqué que les populations ne sont pas entièrement informées de la partition jouée par la Gendarmerie, le Chef d’Etat-Major de la Gendarmerie a demandé l’autorisation de communiquer à travers la direction de la communication de la Gendarmerie. Elle attend toujours cette autorisation. Cette requête légitime ne vise pas à diviser mais plutôt à mieux légitimer l’action de la Gendarmerie aux yeux du peuple.
Peuple du
Burkina Faso, voici donc récitée une partie du travail abattu par l’Unité
Spéciale d’intervention de la Gendarmerie depuis sa création. Vous aurez
remarqué qu’elle a gardé son rythme de travail depuis l’époque du président
ROCK jusqu’au régime actuel en passant par le président DAMIBA sans regarder la
couleur du régime. D’ailleurs le rythme de travail a bel et bien augmenté avec
l’arrivée du pouvoir actuel et nous avons toujours répondu présent. Nous
faisons notre travail dans un cadre militaire et en dehors de toute
considération politique. Je ne laisserai donc pas des individus mal intentionnés
venir raconter des mensonges au peuple pour nous décrédibiliser. Si c’est le
sable qui lui a dit à cet activiste que l’USIGN a été formée par des
mercenaires, alors le sable a menti. Et comme le vrai sable ne ment pas, c’est donc
lui qui a menti. Qu’il m’apporte la preuve de ce qu’il avance. Moi je jure
devant le peuple et sur la terre des ancêtres sur laquelle se repose mes
grands-parents et les éléments de l’USIGN tombés avec conviction pour défendre
cette terre, que nous n’avions jamais été formé un seul jour par un mercenaire.
Nous sommes des républicains et nous l’avons toujours été. Les partenaires avec
qui nous avons toujours travaillé sont connus et ont toujours été envoyés et
autorisés par le pouvoir en place de manière officielle. Donc de grâce,
messieurs les activistes, faites votre politique mais laissez-nous-en dehors de
ça. Allez y demander aux populations et aux VDP qui ont travaillé avec nous,
ils connaissent notre valeur. Le vrai peuple du Burkina Faso connait la valeur
de la Gendarmerie. Donc SVP, ne mentez pas sur le dos du peuple et surtout ne
sacrifiez pas sur l’autel de vos intérêts égoïstes d’honnêtes burkinabés qui
ont consacré toute leur vie pour vous protéger. Certains sont morts laissant
leurs femmes et leurs enfants. Ils ne méritent pas cela. Et la terre juste du Burkina ne vous le
pardonnera jamais. Si j’ai appris au fil du temps, des leçons de vie, surtout
lors de cette dizaine d’années passées dans une unité spéciale, côtoyant les
risques au quotidien et traversant les crises, c’est que la vérité triomphe
toujours tôt ou tard.
Je suis un
officier avec des convictions. Je suis resté loyal à mon chef et dans l’ombre
pendant toutes ces années en faisant mon travail avec sacerdoce, en adéquation
avec mon éducation et mes valeurs. Je n’ai jamais monnayé mon engagement par un
avantage quelconque qu’il soit en nature ou en espèce. Mes hommes aussi. Nous sommes recrutés sur
volontariat, nous passons un processus de sélection rigoureux de plus de 6 mois
pendant lesquelles nous avions le choix de partir. Et même quand nous sommes
admis, nous avons le choix de quitter à tout moment. Si nous y sommes restés
pendant plusieurs années, c’est par conviction et par fidélité à la famille que
nous constituons. Jusqu’en 2018, l’USIGN ne bénéficiait d’aucune prime liée à
son statut, ni aux opérations. Les seules fois que nous avions reçu de l’argent
des autorités, c’est lorsqu’elles venaient nous féliciter après nos missions à succès.
Elles nous offraient des enveloppes symboliques dont la valeur tournait autour
du million. Prenez donc un ou deux millions et divisez par 100 personnes. Vous
comprendrez ce que chacun pouvait avoir. A part cela, nous n’avons rien reçu
comme avantage en espèces ou en nature de la part des autorités pour le travail
que nous faisons. Nous travaillons par conviction et par patriotisme.
Maintenant
permettez-moi de rétablir un certain nombre de clichés invoqués par les
détracteurs pour salir l’image de la Gendarmerie pour tirer les choses au
clair. Certains disent que la Gendarmerie était la garde prétorienne du régime
ROCK et que le régime lui a donné toutes ses faveurs. D’abord, beaucoup ont
chanté que c’est la Gendarmerie qui a remplacé le RSP.
Je rappelle
que c’est plutôt le GSPR qui était la garde présidentielle et qu’il était
composé de l’Armée de terre de la Police et de la Gendarmerie. L’Armée de terre disposait du plus grand
effectif ainsi que des moyens de défense lourds : véhicules blindés,
armement collectifs. En réalité, c’était la garde rapprochée qui posait
problème à cause des avantages financiers constitués notamment des frais de
mission à l’intérieur et a l’extérieur. Ce qu’il faut savoir c’est que toutes
les autres forces participaient aux missions extérieures même si elles ne
faisaient pas partie de la garde rapprochée. C’était le compromis trouvé par le
commandant GSPR pour satisfaire les égos et les intérêts de certains, bien que
tous savaient que cette pratique n’était pas du tout professionnelle et pouvait
constituer un grand danger pour la sécurité du chef de l’Etat. Dites-moi alors,
en quoi est ce que le GSPR constituait un avantage pour la Gendarmerie ?
D’ailleurs le coup d’Etat du président DAMIBA est venu mettre à nu la faiblesse
de la Gendarmerie au sein du dispositif dont les éléments ont, par déontologie
professionnelle, pris le risque d’exfiltrer l’autorité pour le sécuriser. Il en
résulté les incidents de tir sur l’escorte présidentielle avec plusieurs
gendarmes blessés. C’est ça la déontologie du gendarme, il accomplit sa mission
quoi qu’il en coute.
Ensuite, certains
évoquent l’USIGN comme ayant bénéficié de toutes les faveurs du pouvoir à
l’époque qui les as équipés avec de l’armement lourd. Le General MINOUNGOU
Moise, ancien Chef d’Etat-Major General des Armées pourrait certainement
témoigner. En tant que commandant adjoint, j’étais allé le voir à l’insu de mes
chefs pour demander un renfort en armement au regard des risques énormes que
nous prenions sur le terrain par manque d’armes collectives. Ayant apprécié ma
démarche, il viendra visiter l’USIGN une semaine plus tard avant d’ordonner de
renforcer notre matériel. Il m’a même avoué qu’avec les résultats que nous
avions, lui-même ne pouvait pas s’imaginer que nous étions aussi dénué
d’équipements.
Au final, De
quoi la Gendarmerie a-t-elle réellement bénéficié sous l’ère du président
ROCK ? Rien de spécial. Elle a plutôt bien joué son rôle de gardienne des
institutions, si bien que certains détracteurs, jaloux de sa réussite, ont fait
de sa dissolution le centre de gravité de leur lutte ultime. Certes,
avouons-le, la Gendarmerie espérait obtenir son autonomie. Soit, mais en quoi cette
aspiration n’est-elle pas légitime ? Elle vise à lui octroyer les moyens
nécessaires pour mieux s’organiser et une liberté d’action pour être plus
efficace au service des populations. En quoi cela est -il un crime ? Une
gendarmerie autonome et indépendante ne se fera pas au détriment d’une autre
force, mais profitera aux populations et à l’Etat lui-même.
Si vous
refusez de comprendre cela, permettez-moi de vous rappeler le rôle joué par la
gendarmerie dans toutes les crises qu’ont connu le Burkina Faso. En 2006, elle
a joué un rôle d’interposition entre l’armée de terre et la Police pour
minimiser les dégâts des affrontements. En 2011, elle a été la seule force qui
a réussi à contenir la mutinerie, à accueillir et sécuriser un grand nombre
d’autorités militaires qui fuyaient la furie de leurs hommes. En 2014, Elle a
évacué les députés de l’Assemblée Nationale et un grand nombre de membres de
gouvernement pour les protéger de la foule lors de l’insurrection populaire. En
2015, elle a joué un rôle capital dans le Contre-Putsch pour aboutir à la mise
en place de la transition. De 2016 à 2018, elle a été principalement engagée
lors de toutes les attaques terroristes dans la capitale pour limiter les
dégâts. Lors des deux coups d’Etat, elle a sécurisé les autorités politiques
pour préserver leur sécurité. Cela montre qu’au fil de l’histoire, la
Gendarmerie a toujours constitué un rempart pour toute catégorie de
personnes : Civils, policiers et militaires. Elle a toujours ouvert ses
portes dans les moments difficiles à toute personne en détresse, même celles
qui auparavant la dénigraient ou qui exerçant une quelconque autorité, se comportaient
envers elle avec condescendance. La Gendarmerie a toujours constitué un gage de
stabilité dans l’histoire du Burkina même plus lointaine. Ceux qui ne le savent
et qui demandent sa dissolution, ce sont ceux qui veulent plutôt le Chaos au
Burkina.
Dans la lutte
contre le terrorisme, je voudrais aussi rappeler que les derniers détachements
au Nord qui ont résisté le plus longtemps aux attaques terroristes sont ceux de
la Gendarmerie à OURSI, ARBINDA et INATA. Ils ont subi plusieurs attaques mais
l’ennemi n’a pas pu les déloger. Renseignez-vous comment elle caracolait pour
tenir ses détachements dénués complètement d’équipements. Combien d’attaques
terroristes les GARSI ont-ils repoussés et combien de bases ont-ils démantelés.
Allez-y a ARBINDA,et demandez-leur qui sont les gendarmes et vous aurez une
réponse impartiale et venant des hommes du terroir, ceux qui subissent vraiment
les affres du terrorisme. Allez à TANWALBOUGOU ou à PAMA et demandez-leur la
valeur du gendarme. Allez-y a Kaya et renseignez- vous sur le rôle joué
actuellement par l’ESRI (L’Escadron de Sécurité Routière et d’intervention) de
la Gendarmerie et dont personne n’en parle. Je ne parle pas des Brigades et des
Postes qui sont restés dans des zones rouges aux cotés des populations souvent
en effectif d’à peine quinze personnes. Pendant très longtemps, la Gendarmerie
a dû batailler pour qu’on puisse leur octroyer des primes d’opérations.
Imaginez-vous un gendarme affecté à la Brigade de BOUNDORE ou au poste de
TANKOUGOUNADIE dans le YAGHA, on lui refuse la prime d’opération. Cependant, le
militaire qui quitte DORI pour un séjour de trois mois la bas est payé d’une
prime d’opération pour son séjour. Voici les types d’injustices qui nous vivons
et dont on nous demande de fermer nos gueules.
Permettez-moi
de prendre des exemples de certaines frustrations vécues par la Gendarmerie en
2023, les mois passés. Nos 13 Elèves officiers issus des rangs en fin de
formation à l’Académie militaire ont été notifiés qu’ils rejoindront tous
l’Armée de Terre bien qu’ils devaient revenir servir leur corps d’origine. Il a
fallu une longue négociation du CEMGN pour obtenir leur retour à leur base. Un
mois plus tard, 106 Elèves officiers d’Active en fin de formation sont nommés Sous-lieutenant.
A leur recrutement, il était prévu 30 officiers à reverser à la Gendarmerie. Au
final, 5 officiers sur 106 ont y été mutés. Pour couronner le tout, le nouveau
concours interne pour les sous-officiers prévoit les quotas suivants :
Armée de terre : 48 places ; Gendarmerie : 4 places. Comment peut-on
expliquer ce traitement ou plutôt ces foutaises envers l’institution ?
Qu’a telle fait pour mériter cela ? Pendant qu’on lui laisse recruter 3000
gendarmes auxiliaires, on refuse de lui donner des cadres pour les commander.
Et lorsque nous voulons demander des comptes, on nous traite de semeurs de
troubles et de ségrégationnistes. On veut faire croire au peuple que c’est nous
les bourreaux alors que nous sommes les victimes.
Je suis à ma dixième
page, je pourrai écrire une centaine de pages sur le rôle joué par la
Gendarmerie au service du peuple et du Burkina Faso. Mais, je ne doute pas que
le vrai peuple, les vrais patriotes, connaissent la valeur de la Gendarmerie. Ils
ne doivent pas se laisser manipuler par des ignorants et des comploteurs
instrumentalisés sur les réseaux sociaux.
Mon écrit ne
vise pas à décrédibiliser une armée ou une institution sœur. Je suis pleinement
conscient qu’en parlant de nos actions, certains se sentiront concernés
indirectement. Je respecte l’engagement de chacun que je salue à sa juste
valeur. Je suis un militaire cosmopolite, fantassin parachutiste au début de ma
carrière, gendarme par la suite engagé dans une unité spéciale et travaillant
en la plupart du temps aux côtés des autres Forces. Mon petit frère à la
Police, il pourrait vous dire que c’est moi qui lui ai conseillé de faire le concours
de la Police et combien je respecte cette institution sœur. Je suis un
Burkinabé et j’aime mon pays. Je suis convaincu que c’est ensemble que nous
allons vaincre l’ennemi. C’est pour cela que j’ai toujours placé le pays
au-dessus de ma personne et de mes propres intérêts. Alors, peuple du Burkina
Faso, je dis et je répète la Gendarmerie est engagée à vos côtés, l’USIGN n’a
jamais été au contact d’un quelconque mercenaire et ne s’est jamais mêlé à la
politique. Si vous vous laissez manipuler et vous vous en prenez à cette noble
institution qui vous a protégé depuis tant d’années, vous regretterez les
conséquences plus tard. Et cet écrit sera là pour vous le rappeler. Si vous semez des graines de la division, vous
allez récolter des fruits de haine et de chaos.
Vive l’USIGN, Vive la Gendarmerie, Vive
toutes les FDS et VDP, Vive le peuple burkinabé libre et conscient ! A bas les manipulateurs et les
comploteurs !
Dieu protège le Burkina Faso.
LA PATRIE OU LA MORT NOUS VAINCRONS !"