Le dernier jour des audiences, le 23 juin 2023, un
trio comparait au tribunal de grande instance Ouaga 2 : D.A.A, C.O et
D.B.H. Il leur est reproché des faits d'association de malfaiteurs en lien avec
une entreprise terroriste. Malgré les « antécédents criminels » des
prévenus, ils ont été acquittés au bénéfice du doute.
A la barre, D.B.H nie les faits qui lui sont
reprochés. Avec C.O, ils sont soupçonnés d'avoir assassiné un individu au Mali.
Mais il réfute cette déclaration du juge. Ce dernier précise qu’il a été
aperçu, à maintes reprises, avec C.O. Et qu’ils se sont même rendus au Mali à mobylette.
"Je n'ai jamais remorqué C.O ; je l'ai connu en prison. Je ne l'ai
jamais rencontré si ce n'est en prison", dit-il. D.B.H nie également
les faits qui lui sont reprochés. Selon l’ordonnance de renvoi, il a déjà été
condamné pour vol à mains armées. Et il a purgé, dans ce cadre, une peine de
trois mois à la Maison d'arrêt et de correction de Djibo. A la barre ce 23
juin, il dit n’avoir jamais vu, ni utilisé d'arme de sa vie.
C.O nie également toute relation avec D.B.H. Il est
âgé de 21 ans et est poursuivi pour les mêmes faits : complicité
d'assassinat d'un villageois. Selon le parquet, il a également des antécédents
judiciaires. Sa mère et ses frères ont témoigné de ses activités de vol. A en
croire le procureur, la mère du prévenu, qui a remarqué le changement très
suspect de comportement de son fils, l'a dénoncé à la police. "Si tout
ce que vous dites est vrai, pourquoi votre mère et vos frères vous ont dénoncé
?", demande le procureur. "Je n'ai jamais entendu ma mère dire
de telles choses. Et même si elle l'a dit, c'était sous la pression des
policiers", croit-il.
Selon l'ordonnance de renvoi, la mère du prévenu a
plaidé pour les deux autres frères également arrêtés dans le cadre de l’enquête,
mais a refusé de le faire pour C.O. L’enquête révèle que le jeûne homme a une
réputation de "grand bandit" dans son village.
Quant à D.A.A, il a été interpellé pour son
implication présumée dans l'attaque des installations hydrauliques d'une mine à
Tongomaël, dans la région du Sahel. Au moment de son interpellation, il a
déclaré aux gendarmes que s'il avait une arme comme ils « tendent à le faire
croire », il n'aurait pas hésité à l'utiliser contre eux. D.A.A était lié
aux deux autres par des relations professionnelles. En effet, D.A.A était le
berger de C.O et de D.B.H. Il a été interpellé le 24 mars 2017 par la brigade
territoriale de gendarmerie de Djibo tandis que D.B.H sera arrêté le 3 juin et
C.O le 10 juillet 2017.
Mais tous les trois sont catégoriques. Ils n'ont aucun
lien avec le groupe terroriste et son leader, M.D. Le lien présumé avec ce
groupe n’a pu être prouvé pendant l’audience. Aucun élément matériel n'a été
présenté pour étayer les accusations. "Pour que cette infraction soit
constituée, il faudrait qu'on arrive à établir les faits d'association de
malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. (...) La question est
de savoir si les trois faisaient partie du groupe. Malgré que D.B.H et C.O aient
une réputation de délinquants, cela ne suffit pas pour affirmer qu'ils font
partie de cette association puisque aucun élément ne le prouve", dit
le procureur. Il a par conséquent requis la relaxe pour les trois individus
pour absence d'infraction.
Ils ont finalement été acquittés au bénéfice du doute.
La Rédaction